Le grand retour des oiseaux et des tiques

Par Dr. Elodie Roze, pharmacienne

Enfin dehors! Le printemps est à nos portes et les sorties « ornitho » se font plus nombreuses. Mais attention, les oiseaux ne sont pas les seuls à revenir parmi nous. Les tiques, ces petits parasites pouvant transmettre la maladie de Lyme, sont actives dès que la température extérieure dépasse les quatre degrés Celsius, qu’il y ait de la neige ou non. Les valeureux ornithologues devront donc dès lors être prudents durant leurs balades.  

Crédit photo INSPQ

La tique est un petit arthropode se nourrissant de sang. Elle passe à travers plusieurs stades de croissance (larve, nymphe, adulte) au cours desquels elle s’attache à des animaux de toutes sortes pour s’alimenter (ex : oiseaux, reptiles, petits et grands mammifères). Pour ce faire, elle s’installe au bout d’un brin d’herbe ou d’une petite branche et attend qu’une victime potentielle s’y frotte. Elle s’accroche alors à celle-ci et se gorge de sang avant de se laisser tomber et de passer au suivant. Ce mode d’alimentation est également un     moyen de transport. Les tiques restent généralement accrochées plusieurs jours à leur hôte; elles peuvent donc parcourir de très grandes distances sur le dos d’animaux en déplacement, comme les oiseaux migrateurs. Étant donné qu’elles changent d’hôte plusieurs fois, elles peuvent aussi transmettre des pathogènes d’une espèce à une autre.

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Il existe une douzaine d’espèces de tiques au Québec. Pour le moment, une seule d’entre elles pose un problème pour nous : la Tique à pattes noires (ixodes scapularis). Cette tique peut transmettre la maladie de Lyme ainsi que plusieurs autres zoonoses (maladies transmissibles d’un animal à un être humain).

Pourquoi en entendons-nous parler plus souvent depuis quelques années? Parce que, comme certaines espèces d’oiseaux qui n’étaient pas communes au Québec dans le passé, les tiques profitent des changements climatiques et gagnent un peu plus de territoire chaque année. Elles sont désormais bien implantées en Estrie.

Comme un ornithologue avisé en vaut deux, voici quelques mesures à respecter pour limiter le risque d’être piqué :

  • Restez dans les sentiers et évitez les herbes hautes, même en ville.

  • Oubliez l’élégance, les oiseaux ne s’en soucient pas! Portez des pantalons longs et mettez vos bas par- dessus.

  • Appliquez un chasse-moustique à base de DEET ou d’icaridine sur les parties exposées du corps (attention, la citronnelle n’est pas efficace pour éloigner les tiques).

  • Après la sortie, faites sécher votre linge à haute température durant 15 minutes et examinez-vous. Portez une attention particulière aux plis du corps (ex : sous les bras, derrière les genoux, entre les orteils) et à la tête (cou, oreilles, cheveux). Soyez très attentifs, car les nymphes sont minuscules (1 à 3 mm)!

  • Si vous trouvez une tique sur vous, pas de panique! Le risque de transmission de la maladie de Lyme est presque nul si la tique est restée accrochée moins de 24 heures.

  • Retirez la tique le plus rapidement possible à l’aide d’une pince à tiques ou d’une pince à épiler, puis nettoyez la zone avec de l’eau et du savon.

  • Conservez la tique dans un contenant au réfrigérateur durant 30 jours, au cas où vous ayez besoin de la faire analyser.

  • Notez la date et le lieu où vous étiez lorsque vous avez été piqué, ainsi que l’endroit de la piqûre sur votre corps.

  • Appelez le 811. Une infirmière vous posera quelques questions et vous indiquera si vous devez consulter un professionnel de la santé.

  • Surveillez l’apparition de symptômes durant les 30 jours suivants la piqûre (le document de suivi de l’INESS peut vous aider à reconnaître les symptômes de la maladie de Lyme :

  • https://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/ INESSS/Rapports/Biologie_medicale/Lyme_PPE/ Lyme_Feuille-de-suivi.pdf ).

Crédit photo INSPQ

À moins d’être entomologiste, inutile de sortir votre loupe et de tenter de déterminer de quelle espèce il s’agit. Bien identifier une tique est plutôt difficile. Il existe un truc cependant…

Vous connaissez eBird? Eh bien, il existe Etick! Il s’agit d’un programme de surveillance des tiques au Canada. Vous pouvez envoyer une photo de votre tique sur https://www.etick.ca/. Un professionnel analysera la photo et pourra vous indiquer de quelle espèce il s’agit (attention, il ne s’agit que d’un outil d’identification! Même si votre tique est une Tique à pattes noires, cela ne veut pas dire qu’elle vous a transmis une maladie).

Et, pour plus d’informations et de conseils sur la prévention des piqûres de tiques et la maladie de Lyme, consultez le site Web de Santé Estrie : https:// www.santeestrie.qc.ca/soins-services/conseils-sante/ infections-et-maladies-transmissibles/maladies- transmises-par-les-tiques.

Sur ce, bonne sortie! En espérant vous croiser au milieu d’un sentier, avec les bas par-dessus les pantalons!

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Dans l’œil de Suzanne Brûlotte